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Adam et Eve semblent vouloir quitter la scène du tableau.
Chassés du paradis ils se protégeaient du glaive de l'ange, depuis ils sont tombés sur terre, le geste est conservé pour signifier autre chose, le prix à payer pour accéder à la connaissance, à la condition humaine, est lourd, rien n'est prévu pour la joie rayonnante, ils cherchent la sortie.
Derrière eux, une forêt inquiétante traversée d'un sentier, à l'entrée une forme, mi-arbre, mi-chat écorché, se dresse comme un totem maléfique, atlas décharné, vacillant.
Le premier plan dans une grande courbe nous livre brutalement un cadavre en train d'être digéré par des rameaux secs d'arbustes, des personnages énigmatiques s'abritent dans un arbre creux.
L'aveugle de Bruegel la main tendue vers le vide, humant l'air de sa nuit avance dans la même direction qu'Adam et Eve, leurs deux bras esquissent une ligne invisible allant du paradis perdu à l'incertitude du prochain pas. Le tableau a un centre inondé d'une lumière tombant de la frondaison, lieu chimérique ou source vitale, Hercule et Omphale sont enlacés. Nous retrouvons le leitmotiv du balancier mis en mouvement dans le tableau des trois philosophes, entre la vie et la mort. Cette figure de l'éros n'est pas aussi simple qu'il y paraît, un rougeoiement préoccupant s'est allumé en arrière plan.

François Boucher - Hercule and Omphale

Bruegel - La parabole des aveugles.