Il n'est pas sûr que le potager soit constitué de plantes nourricières, vénéneuses ? ces plantes fleurissent, portent des fruits. Taillées dans la masse elles poussent en buissons, séparées les unes des autres sur un sol lisse, lumineux, liquide peut être, se soulevant par endroit en rochers, plantes, animaux…incertitude. Le buste d'une jeune femme émerge au pied d'une roche blanche qui se prolonge en arbre dont les branches se terminent en bras humains, cous et becs d'oiseaux. Dans l'anfractuosité d'une falaise finement ouvragée en voile de roche, une nymphe dorée s'adresse à une fleur. Au centre du tableau un animal à deux têtes ingérant un homme en son dos, jambes dressées vers le ciel, bras servant de pattes. La chimère n'est pas complète, les cuisses de l'homme se transforment en deux visages coiffés de mollets et de pieds. Plus bas un souffleur de trompe descendu du plafond de la Sixtine, non pour claironner le jugement dernier mais pour gonfler comme une baudruche la tête de la Joconde. Au premier plan, allusion à l'école de Fontainebleau, Diane de Poitiers dans un écrin de feuillages et de fleurs. Remontant sur le bord du tableau, une main ouverte dissimulée, brouillée par les volutes du lierre, le feuillage d'un cerisier, paume recueillant berger et nymphe du Titien. Prés du visage sphérique de la Joconde, un femme nue à sa toilette se contemple dans un miroir circulaire, elle tente de se coiffer ? sa tête est couverte d'un capuchon qui évoque celui que le fauconnier ajuste sur la tête de l'oiseau. A cet aveuglement répond une pupille suspendue à l'aisselle d'une feuille. Un homme alangui, appuyé sur le flanc de cette femme tire la langue à un crapaud. Renommée, vanité, beauté cachée, aveuglement, narcissisme, déformation d'une œuvre, inflation du langage, artifice, vacuité...
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