La entation de St Antoine 1
Tentation de St Antoine 1
1999
63x73 Huile sur toile

 

La entation de St Antoine 2
Tentation de St Antoine 2
2002
33x41 Huile sur toile marouflée

 


Patinir vers 1500


Savoldo 1520

De la Renaissance au Surréalisme le thème a été abondamment traité, chaque peintre donnant sa vision des hallucinations du saint homme assailli par le démon. Deux angles de représentation, la terreur ou le désir. Pour la terreur la peinture nous offre un catalogue complet de monstres hérissés, de mâchoires écumantes, de griffes abominables, St Antoine goutte l'enfer et ses supplices cruels. L'autre voie est celle du désir et d'une tentation plus subtile que le fantastique tératologique appliqué mécaniquement comme le décrit Roger Caillois dans un très brillant essai Au cœur du fantastique.

Les deux versions proposées par J.Hazera se situe dans un entre-deux , jouant de plusieurs ressorts à la fois.
La première version partage le tableau en ciel/terre, coupure brutale entre un ciel trop bleu où flottent des nuages trop rouges crachant des oiseaux en piqué vers l'axe médian de la toile et la terre se soulevant dans des plissements pour abriter des animaux étranges façonnés à même les volutes de l'argile. La figure de St Antoine est posée dans la partie droite du tableau, inscrite dans un cercle elle amalgame dans un enlacement reptilien la luxure, la mort, le néant offert dans une coupe ou le rouge du liquide se détache sur le mélange blanc de la chevelure et du drapé. Pas d'effet visant la terreur, seulement une atmosphère électrique, un paysage de début du monde où se rejoue sans cesse dans le cercle du temps le commencement et la fin, la tentation se transforme en destinée.
La seconde version explore une autre solution, un plan frontal avec sur la droite un trouée rougeoyante donnant un arrière plan. L'air ne circule plus, l'espace est saturé, feuillage, tronc, animaux et figure centrale qui reprend le dispositif précédent sans envelopper St Antoine dans le cercle constricteur. Le plus savoureux est de constater que ce sont les monstres qui ont l'air terrorisé, doit–on entendre que la menace n'est pas là où elle est supposée être, mais cachée sous le principe religieux lui-même : macération, délire mystique, refus du plaisir, négation du féminin, fanatisme….le chapitre n'est pas près de se clore et les monstres grimaçants ne sont que d'aimables plaisanteries face aux redoutables soldats de la foi.